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vendredi 16 octobre 2015

Chronique : Les Fauves d'Ingrid Desjours


Les Fauves d’Ingrid Desjours. (Genre : Thriller, Polar).

Editions : Robert Laffont
Prix : 20,50€ (Partenariat)
Année de parution originale : 2015

  Résumé : Ambitieuse et sans concession, la belle Haiko est à la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’Etat Islamique. Ses méthodes plus que radicales, ses intentions souvent troubles, son goût pour le feu des projecteurs ont fait d’elle une proie de choix pour les extrémistes de tous bords. Et surtout la cible d’une fatwa : « Violez-la ! Torturez-la ! Tuez-la ! » Vétéran de l’Afghanistan, capturé par les talibans, Lars a survécu à l’enfer. De retour à Paris, il est perdu dans cette société qu’il ne comprend plus. Et si sa reconversion dans la protection rapprochée lui donne de nouveau le sentiment d’avoir un but, seules sa foi et ses valeurs font rempart contre ses démons. Quand Haiko commence à se sentir suivie où qu’elle aille, quand ses proches sont directement menacés, quand enfin les morts se multiplient autour d’elle, la jeune femme fait alors appel à Lars pour la protéger.


  La nouvelle collection des éditions Robert Laffont (La bête noire) se lançait avec deux ouvrages, dont « Les Fauves » d’Ingrid Desjours. De cette auteure je n’avais lu aucun livre. C’était donc l’occasion de me faire un avis autant sur son style que sur sa faculté à façonner une intrigue. Pour cet ouvrage, la couverture est super belle. A la fois attirante et provocante, elle titillera la curiosité du lecteur, j’en suis sur. Le pitch du livre m’avait bien plu et j’avais eu envie d’en découvrir plus. J’ai bien fait puisqu’au final j’ai adoré ma lecture, un vrai page-turner comme Ingrid Desjours en a la réputation !

  Dès le début j’ai trouvé le roman intriguant. Tant par sa composition et par sa structure que par son histoire provocante qui ne fait pas dans la dentelle. Parce que l’auteure ne fait pas semblant, la première vraie scène fait déjà froid dans le dos… l’assassinat d’une jeune femme. En plus de ça on a les détails bien gore de l’explosion de cervelle qui dégouline sur le trottoir ! Et encore, vous ne l’avez pas vécu de l’intérieur. C’est en tout cas un début de roman prometteur pour la suite. Tout va partir de là… les soupçons, la manipulation, le stress et surtout la protection.

  Les personnages sont le point fort du récit. L’intrigue va se nouer autour d’eux et grâce à ça, ils vont se poser pas mal de questions les uns sur les autres. Haiko est une jeune femme sur d’elle, peut-être parfois hautaine dans sa manière de se comporter. Je n’ai pas vraiment réussi à la cerner… autant parfois je pouvais la croire autant ses élucubrations et les arguments de Lars me faisaient douter à son égard. Haiko a monté une association pour sauver les ados qui se font enrôler par Daesh. Mais que sait-on vraiment de cette association ? Haiko est-elle aussi claire que de l’eau de roche ? Peut-on vraiment lui faire confiance ? Lars est quant à lui un ancien militaire qui a vécu les pires atrocités en Afghanistan. J’ai parfois détesté sa brutalité et son côté rentre dedans, comme je l’ai parfois apprécié pour sa nécessité. Lars est un homme avec une carapace, avec des fêlures à l’intérieur, des cicatrices encore ouverte. Il se fait du mal et en fait aux autres. Je l’ai parfois trouvé sans cœur et sans sentiment mais c’est ce qui fait aussi sa force. Haiko et Lars sont deux personnages bien travaillés dont on apprend leur passé. Des passés qui ont forgé leur caractère et qui ont fait d’eux les personnes qu’ils sont aujourd’hui… et parfois pas de bonnes personnes.

  Le rythme de l’histoire est bon, même si j’ai trouvé le début assez lent à commencer. La protection d’Haiko par Lars se fait rapidement. Ils se tournent trop autour pour pouvoir faire avancer l’histoire. C’est ce qui est dommage. Mais une fois cette partie passée, tout s’enchaîne. L’auteure tisse une toile de fond, enveloppe ses personnages dans un doux satin pour le faire brûler à petit feu. Jamais on ne va cesser de douter sur untel ou untel. Nos neurones ne seront jamais au repos. L’écriture à la 3ème personne amène une intensité au récit. Elle permet de se placer de différentes manières dans le récit et d’appréhender plus de personnages que Lars et Haiko. Le rythme est renforcé par ce côté contre la montre que met en place l’auteur. Haiko sera toujours sur ses gardes. Lars fera tout pour la protéger au détriment de ce qu’il pense d’elle. Et le lecteur ne sait jamais sur quel pied danser.

  Le point fort du roman, c’est le thème d’actualité qu’a réussi à traiter Ingrid Desjours. Un thème controversé et qui peut mal être interprété. Daesh, l’Etat islamique, les fatwas, la Syrie et les attentats du 7 janvier. Même si tout est fictif, l’auteure a très bien su écrire son histoire comme si c’était quelque chose de vrai. Parce que tout ce qu’elle a écrit aurait très bien pu arriver. D’ailleurs elle insère des bouts de journaux après les attentats contre Charlie Hebdo. On voit la manipulation, on voit l’embrigadement, on constate l’inefficacité de certains parents… et puis on voit la bêtise des jeunes qui se font laver le cerveau. En tant que journaliste, je remercie l’auteure d’avoir su traiter le sujet avec talent. Rien n’est rose dans ce roman, j’en ai même psychoté parce que je me suis dit que ça pouvait se passer de partout. On est en sécurité nulle part.

  La plume d’Ingrid Desjours est addictive. Sa manière d’écrire, de décrire les événements, de les mettre en scène… on visualise tout. Je dirai que ce roman a quand même un petit côté pervers sur certains points. Les 100 dernières pages sont celles des révélations. Le personnage de Lars va être secoué, tout comme celui d’Haiko d’ailleurs. L’auteure a un sacré talent pour embobiner son lectorat. Parce que le retournement de situation final est juste dingue ! Je n’ai rien vu venir, même pas les petits indices disséminés par-ci par-là. C’est peut-être pour ça que j’ai trouvé le roman un peu longuet à démarrer. En tout cas, je vous le recommande fortement. Il traite un sujet d’actualité avec brio et rien que pour ça, je tire mon chapeau à l’auteure ! Et si « Les Fauves » se cachaient en chacun de nous ?

Ma note : 8,5/10.

Merci à Cécile et aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat !

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