Un garçon si gentil / Les
carcérales de Magali Wiéner.
(Genre : Jeunesse, Drame).
Editions : Milan
Prix : 12,50€ (Partenariat)
Année de première parution : 2010
Année de dernière parution : 2014
.Résumé : La soirée s’annonce bien pour Rodrigues, ce
garçon si gentil : fête de la Musique, bière et rock’n’roll. Et puis ce
concert avec Aurélie, qui semble ne chanter que pour lui. Des regards qui s’échangent,
l’alcool qui fait du bien, des envies plein les yeux… Une nuit qui tient ses
promesses. Rodrigues est heureux. Jusqu’au lendemain matin, où le cauchemar
commence…
.Où comment une
couverture ne rend pas du tout service au livre. Telle est la phrase qu’on
pourrait clamer. Franchement, en regardant la couverture, je n’ai pas du tout
eu envie de m’attarder sur cette histoire. Je pense que si les éditions Milan
ne me l’avaient pas envoyé, je serai passé à côté d’une belle tragique
histoire. J’ai tellement d’images dans ma tête qui pourraient rendre justice au
design du bouquin. Mais ne vous fiez pas aux apparences, parce que ce récit est
tellement réaliste qu’il en devient obsédant.
.Le début est tout en
douceur, tout en légèreté. C’est la promesse d’une belle soirée pour notre
protagoniste. L’auteure ne prend pas forcément le parti de présenter Rodrigues
ou même sa famille, mais on s’en moque. Ici, c’est l’écriture de l’auteure qui
nous pousse à continuer. Je dirai même qu’elle ne nous pousse pas, on continue
sans s’en rendre compte. On va vite arriver à ce qui se passe dans le résumé
pour avoir le plaisir de découvrir une histoire qui s’ancre tellement dans la
réalité que ça en devient dérangeant.
.Rodrigues, notre
personnage principal est un jeune homme qui m’a beaucoup touché. Je n’ai cessé
d’être à ses côtés durant toute sa galère. C’est un jeune homme sans histoire
qui va devoir faire face à tellement de choses. Et puis ses sentiments sont très
bien retranscrits par Magali Wiéner. Incompréhension, doute, colère,
renfermement, repli sur soi… ça nous touche, ça nous percute et on se sent
affreusement mal pour lui. On va apprendre à le connaître au fil des pages. On
va s’attacher d’autant plus à lui. Et ça fend le cœur. Je dirai que Rodrigues
est vraiment le pion autour duquel tout va s’articuler. Aurélie ne fera que de
brèves apparitions, mais je ne l’ai pas du tout aimé. Il y aura aussi la mère
de Rodrigues, Wall, Azziz et bien d’autres. Qu’on veuille du bien ou du mal à
Rodrigues tous porteront son histoire.
.Le rythme est quelque
chose qui m’a obsédé dans ce roman. Le texte est découpé en plusieurs parties
qui retracent la vie, le parcours de Rodrigues. Elles sont de longueur variable
mais elles n’empêchent pas l’intrigue d’être percutante et prenante. Les pages,
les paragraphes, les phrases, les mots, tout se lit tellement vite. L’histoire
est aussi entraînante parce que Rodrigues va subir et faire énormément de
choses. On va le suivre chez lui, à la gendarmerie en garde-à-vue, à la prison
des mineurs et lors de son passage devant la cour d’assises. Et j’en viens au
point le plus important du récit.
.Je fais des études de
droit et je peux vous dire que l’auteure a très bien su transposer la réalité
dans son récit. Les procédures, les interrogatoires, la garde-à-vue, la
détention, la prison, la cour d’assises… tout est bien expliqué, tout paraît
tellement réel qu’on en prend plein la tête. On sent une sincérité, une
authenticité dans ce qu’elle écrit. L’auteure transmet des messages sur les
victimes, les auteurs d’agression, sur la justice et la prison. Elle met en
avant ce qu’on résume souvent par : « ce sera sa parole contre la
tienne. » Parce que ce roman c’est ça. On se sent incompris, on doute des
choses. On se remet totalement en question, on essaie d’avancer, de se relever
et de se battre contre ce qu’on pense être un mensonge ou une vérité selon le
point de vue.
.L’écriture de l’auteure
est tellement exceptionnelle ! Elle est percutante, incisive, prend aux
tripes, fait accélérer notre lecture. C’est un style qui nous dépasse et qui
nous permet de ressentir les émotions d’une manière forte. Des phrases courtes,
voir des phrases avec un seul mot. Si la fin m’a permis d’espérer au dernier
moment une chose, j’ai regretté qu’elle soit vite expédiée. C’est la seule
chose que je pourrais reprocher au roman. Franchement, n’hésitez pas et ne vous
arrêtez pas sur la couverture. Ce bouquin est un vrai page-turner qu’il faut
mettre entre toutes les mains. Et surtout entre les mains des plus jeunes. Pour
leur faire comprendre qu’un dérapage est si vite arrivé.
.Ma note : 9/10.