Les Fauves d’Ingrid Desjours. (Genre :
Thriller, Polar).
Editions : Robert
Laffont
Prix : 20,50€ (Partenariat)
Année de parution originale : 2015
Résumé : Ambitieuse et sans concession, la belle Haiko
est à la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’Etat
Islamique. Ses méthodes plus que radicales, ses intentions souvent troubles,
son goût pour le feu des projecteurs ont fait d’elle une proie de choix pour
les extrémistes de tous bords. Et surtout la cible d’une fatwa : « Violez-la !
Torturez-la ! Tuez-la ! » Vétéran de l’Afghanistan, capturé par
les talibans, Lars a survécu à l’enfer. De retour à Paris, il est perdu dans
cette société qu’il ne comprend plus. Et si sa reconversion dans la protection
rapprochée lui donne de nouveau le sentiment d’avoir un but, seules sa foi et
ses valeurs font rempart contre ses démons. Quand Haiko commence à se sentir
suivie où qu’elle aille, quand ses proches sont directement menacés, quand
enfin les morts se multiplient autour d’elle, la jeune femme fait alors appel à
Lars pour la protéger.
La nouvelle collection
des éditions Robert Laffont (La bête noire) se lançait avec deux ouvrages, dont
« Les Fauves » d’Ingrid Desjours. De cette auteure je n’avais lu
aucun livre. C’était donc l’occasion de me faire un avis autant sur son style
que sur sa faculté à façonner une intrigue. Pour cet ouvrage, la couverture est
super belle. A la fois attirante et provocante, elle titillera la curiosité du
lecteur, j’en suis sur. Le pitch du livre m’avait bien plu et j’avais eu envie
d’en découvrir plus. J’ai bien fait puisqu’au final j’ai adoré ma lecture, un
vrai page-turner comme Ingrid Desjours en a la réputation !
Dès le début j’ai
trouvé le roman intriguant. Tant par sa composition et par sa structure que par
son histoire provocante qui ne fait pas dans la dentelle. Parce que l’auteure
ne fait pas semblant, la première vraie scène fait déjà froid dans le dos… l’assassinat
d’une jeune femme. En plus de ça on a les détails bien gore de l’explosion de
cervelle qui dégouline sur le trottoir ! Et encore, vous ne l’avez pas
vécu de l’intérieur. C’est en tout cas un début de roman prometteur pour la
suite. Tout va partir de là… les soupçons, la manipulation, le stress et
surtout la protection.
Les personnages sont le
point fort du récit. L’intrigue va se nouer autour d’eux et grâce à ça, ils
vont se poser pas mal de questions les uns sur les autres. Haiko est une jeune
femme sur d’elle, peut-être parfois hautaine dans sa manière de se comporter.
Je n’ai pas vraiment réussi à la cerner… autant parfois je pouvais la croire
autant ses élucubrations et les arguments de Lars me faisaient douter à son
égard. Haiko a monté une association pour sauver les ados qui se font enrôler
par Daesh. Mais que sait-on vraiment de cette association ? Haiko est-elle
aussi claire que de l’eau de roche ? Peut-on vraiment lui faire confiance ?
Lars est quant à lui un ancien militaire qui a vécu les pires atrocités en
Afghanistan. J’ai parfois détesté sa brutalité et son côté rentre dedans, comme
je l’ai parfois apprécié pour sa nécessité. Lars est un homme avec une
carapace, avec des fêlures à l’intérieur, des cicatrices encore ouverte. Il se
fait du mal et en fait aux autres. Je l’ai parfois trouvé sans cœur et sans
sentiment mais c’est ce qui fait aussi sa force. Haiko et Lars sont deux
personnages bien travaillés dont on apprend leur passé. Des passés qui ont
forgé leur caractère et qui ont fait d’eux les personnes qu’ils sont aujourd’hui…
et parfois pas de bonnes personnes.
Le rythme de l’histoire
est bon, même si j’ai trouvé le début assez lent à commencer. La protection d’Haiko
par Lars se fait rapidement. Ils se tournent trop autour pour pouvoir faire
avancer l’histoire. C’est ce qui est dommage. Mais une fois cette partie
passée, tout s’enchaîne. L’auteure tisse une toile de fond, enveloppe ses
personnages dans un doux satin pour le faire brûler à petit feu. Jamais on ne
va cesser de douter sur untel ou untel. Nos neurones ne seront jamais au repos.
L’écriture à la 3ème personne amène une intensité au récit. Elle
permet de se placer de différentes manières dans le récit et d’appréhender plus
de personnages que Lars et Haiko. Le rythme est renforcé par ce côté contre la
montre que met en place l’auteur. Haiko sera toujours sur ses gardes. Lars fera
tout pour la protéger au détriment de ce qu’il pense d’elle. Et le lecteur ne
sait jamais sur quel pied danser.
Le point fort du roman,
c’est le thème d’actualité qu’a réussi à traiter Ingrid Desjours. Un thème
controversé et qui peut mal être interprété. Daesh, l’Etat islamique, les fatwas,
la Syrie et les attentats du 7 janvier. Même si tout est fictif, l’auteure a
très bien su écrire son histoire comme si c’était quelque chose de vrai. Parce
que tout ce qu’elle a écrit aurait très bien pu arriver. D’ailleurs elle insère
des bouts de journaux après les attentats contre Charlie Hebdo. On voit la
manipulation, on voit l’embrigadement, on constate l’inefficacité de certains
parents… et puis on voit la bêtise des jeunes qui se font laver le cerveau. En
tant que journaliste, je remercie l’auteure d’avoir su traiter le sujet avec
talent. Rien n’est rose dans ce roman, j’en ai même psychoté parce que je me
suis dit que ça pouvait se passer de partout. On est en sécurité nulle part.
La plume d’Ingrid
Desjours est addictive. Sa manière d’écrire, de décrire les événements, de les
mettre en scène… on visualise tout. Je dirai que ce roman a quand même un petit
côté pervers sur certains points. Les 100 dernières pages sont celles des
révélations. Le personnage de Lars va être secoué, tout comme celui d’Haiko d’ailleurs.
L’auteure a un sacré talent pour embobiner son lectorat. Parce que le
retournement de situation final est juste dingue ! Je n’ai rien vu venir,
même pas les petits indices disséminés par-ci par-là. C’est peut-être pour ça
que j’ai trouvé le roman un peu longuet à démarrer. En tout cas, je vous le
recommande fortement. Il traite un sujet d’actualité avec brio et rien que pour
ça, je tire mon chapeau à l’auteure ! Et si « Les Fauves » se
cachaient en chacun de nous ?
Ma note : 8,5/10.
Merci à Cécile et aux
éditions Robert Laffont pour ce partenariat !
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